Proyecto Madrid Centro

Biblio (78) Plan Cincinnati

Je n’ai jamais visité Cincinnati (quoique grâce aux images de Sethsnap je commence a me faire une idée de la ville). Mais ce plan a obtenu l’un des prix au meilleur plan d’ensemble de l’Association Américaine d’Urbanistes, en grande partie par son approche stratégique, au-delà des sentiers battus.

Barrio de Salamanca (7) Avenir

Usages principaux par parcelle dans le nouveau plan preliminaire: bleu activites, orange logement

Usages principaux par parcelle dans le nouveau plan preliminaire: bleu activites, orange logement

http://www.madrid.es/portales/munimadrid/es/Inicio/Ayuntamiento/Urbanismo-e-Infraestructuras/Revision-del-Plan-General?vgnextfmt=default&vgnextchannel=4d190d0215664310VgnVCM2000000c205a0aRCRD. Ce nouveau plan devrait faire face à une situation peu confortable, aidant a dépasser l’orage économique et a guider une municipalité avec quelques 3 millions d’habitants sur 600 km2 ver un avenir plus durable tous azimuts (notre Proyecto Madrid Centro est mentionné parmis les sources du projet). Mais je ne veux pas parler ici des questions concernant le pari territorial de ce document ou la decision (peu courante, car elle peut comprometre le debat sur le pari territoriel) de publier des plans a la parcelle a un stage si preliminaire, l’objet étant le Barrio de Salamanca.

Le Barrio de Salamanca est ici simplement un élément de plus, central et important de par sa dynamique, mais pas un « premier rôle ». Qui plus est, c’est son «frère pauvre », le quartier d’Arganzuela, déjà planifié aussi par Castro en 1860, qui prend un rôle plus visible pour compléter la transformation industrie- logement et activités qui a été entamée dans la décennie de 1980 et devenir une centralité du sud.

Mais il y a quelques questions dans ce plan préliminaire que l’on peut souligner :

–           A cause de la position centrale du quartier, plusieurs rues principales sont inscrites dans la stratégie de récupération des boulevards principaux, ce qui devrait augmenter le vert urbain. Des évolutions importantes du partage piéton- auto sont visibles sur certaines images de synthèse pour des axes comme Principe de Vergara, ou la création d’un parc dans la Plaza del Marqués de Salamanca.

Images du rapport de présentation du Plan preliminaire sur le traitement de l'espace public

Images du rapport de présentation du Plan preliminaire sur le traitement de l’espace public

–           Il y a une volonté de donner une plus grande flexibilité a l’implantation d’activités en rez de chaussée (commerce et autres), pour accroitre la vitalité urbaine.

–           Le Barrio de Salamanca est l’une des zones de la ville le moins bien loties en termes de surfaces d’équipements ; ce n’est pas nouveau, et résulte des évolutions depuis le plan original de Castro, qui aurait permis d’avoir plus d’espace pour ces usages.

Dans l’ensemble, un quartier qui est né pour améliorer et élargir une ville d’une façon rationnelle est devenu simplement un quartier de plus, certes puissant en termes économiques, mais aussi avec des déficits persistants qui résultent de l’abandon des postulats urbanistiques d’origine. Ceci est un peu moins grave ici a cause des revenus per capita, mais quand même, tous les résidents ne sont pas en or…

Posons la question autrement : le Barrio de Salamanca aurait pu devenir une centralité telle avec la configuration initialement prévue ? ça parait improbable, et la même question doit être posée pour les extensions urbaines de basse densité de nos jours. On ne pourrait prétendre que tout le tissu urbain soit une centralité continue, mais quand on parle aujourd’hui de « sprawl repair » et autres idées semblables qui gagnent (heureusement) une place sous le soleil), l’équilibre entre espace et équipements publics d’une part et densité de l’autre doit être soignée, car la densification est toujours complexe.

Montpellier (3)

Madrid et Montpellier (commune et communes d'agglomeration, a la même echelle. Grille 1 km

Madrid et Montpellier (commune et communes d’agglomeration, a la même echelle). Grille 1 km

Ça mesure combien, une ville? Il est de plus en plus difficile d’y répondre, car il est de plus en plus difficile de savoir qu’est ce qu’une ville. En tout cas, si l’on prend les limites municipales, Montpellier est une ville d’un peu plus de 255.000 habitants avec un peu moins de 57 km2 (par rapport aux 605 km2 de Madrid, certes avec une population12 fois plus grande). C’est courant en France de voir ce morcellement communal (plus de 36.000 communes face a quelques 8.000 en Espagne pour des pays  de surface similaire). Donc, pour certains aspects, la comparaison pertinente n’est pas entre municipalités, mais entre formes de gestion de chaque espace pour chaque politique. En termes d’urbanisme, si Montpellier a son propre Plan Local d’Urbanisme, le SCOT couvre les 31 communes d’une agglomération qui compte des compétences administratives, et des éléments de comparaison plus intéressants apparaissent. Néanmoins, en comparaison avec Madrid, il es curieux de voir que les deux villes se soient posé presque en même temps la question de leurs centres urbains (PMC a Madrid, Grand Coeur a Montpellier).

Centralité et peripherie a Madrid depuis 2000 (2)

pre-1979-dens res

Densité résidentielle des batiments pre-1979 a Madrid

La centralité urbaine est un de ces concepts complexes, qu’il est plus facile de reconnaitre dans la vie de tous les jours que de décrire avec rigueur et précision ; et ceci complique (sans rendre impossible) d’agir pour encourager ses effets positifs.

Comme certains ont dit, le centre urbain est, simplement, cet endroit ou tout le monde veut y aller pour une ou autre raison : idéalement, pour certains c’est l’endroit ou les jeunes vont pour apprendre, mais aussi pour faire la fête, les plus âgés vont travailler mais aussi s’amuser, et aussi il y a un nombre d’habitants. Pour d’autres c’est un endroit avec plein de rôles, mais peu d’habitants pour leur éviter les désagréments des flux. Et dans la réalité ce n’est pas autant un espace défini géographiquement avec une forme fermée, ou immutable dans le temps, mais une zone qui évolue même pendant le long de la journée, donc les zones plus centrales sont celles qui au fil des heures voient se maintenir le plus cette condition de centralité, toujours marquée par la capacité d’attraction des gens qui viennent de l’extérieur.

Ce serait quoi, le centre de Madrid ? étant donné qu’il s’agit d’une ville avec une certaine histoire (pas si longue, pourtant, d’une certaine façon Madrid est au XVIème siècle européen ce que Brasilia au XXème siècle américain), il y a certaines limites physiques ; le temps et l’inertie des investissements en infrastructure pendant des décennies ont configure un espace, qui coïncide avec le district Centro, ou convergent la plupart des grands transports en commun et les principales voiries d’accès. C’est le centre le plus iconique aujourd’hui, mais jusque a la fin du XIXème siècle c’était la ville toute entière, et cette complexité est encore visible. L’ensanche du XIXème siècle et la croissance industrielle vers l’Arganzuela n’on fait qu’élargir le centre, une opération renforcée par la percée urbaine de la Gran Vía.

La consolidation de l’ensanche au long d’un siècle et ses meilleures conditions socioéconomiques par rapport aux faubourgs de Tetuan ou Puente de Vallecas, presque contemporains dans leur développement, configurent progressivement une centralité autour de cet espace, d’une façon plus claire autour de son bord occidental. Et l’expansion vers le nord configure un axe autour du Paseo de la Castellana ou au milieu de la décennie de 2000 il y avait déjà 3 emplois pour chaque résident.

Quand nous avons rédige le Proyecto Madrid Centro (PMC), la Ville de Madrid a considéré que  l’emprise d’étude et d’intervention sur ce centre correspondait essentiellement avec l’interieur de la rocade M-30, ce qui serait comme dire que l’ile de Mannhattan toute entiere est le centre de New York, Paris 75 le centre de Paris, et la Ciudad Autonoma le centre de Buenos Aires. L’analyse réalisée montre que ceci n’est qu’une simplification ; sur ces échelles et avec la fluidité des moyens de transport, cette centralité est nuancée par des relations métropolitaines complexes. La centralité réelle, en tant que combinaison de ces fonctions pour attirer des populations extérieures avec plus d’intensité, est la superposition de l’axe Castellana, le District Centro et le Barrio de Salamanca, mais il y a aussi d’autres centralités plus locales ; leur avenir est plus menacé dans leur capacité d’attraction par la crise économique, qui semble renforcer l’attraction de ces aires plus centrales, appuyées par les flux du tourisme, face aux axes de quartier, soumis a une plus grande crise commerciale.

Urbanisme et nourriture (6) Madrid, les pommes de terre et le Retiro

Le parc du Retiro du centre de Madrid, substitué par des terrains de culture de la region a la même echelle

Le parc du Retiro du centre de Madrid, substitué par des terrains de culture de la region a la même echelle

Après voir plusieurs approches a la question sur des villes diverses, un regard vers Madrid. La consultation des données de l’Institut de Statistique de la Région et des données sur cinq cultures importantes pour la diète courants en ville (blé, mais, pommes de terre, raisins et olives), il est clair que ces derniers 25 ans la surface de culture s’est vue réduite de façon importante, sauf pour les oliviers. Les productions ont aussi descendu en plusieurs cas, mais d’une façon plus erratique (l’agriculture etant une activité economique, les agriculteurs semment suivant leurs perspectives de benefice). Les rendements en tonne par hectare montent en général.

Evolution en 25 ans des rendements agricoles par hectare dans la region de Madrid

Evolution en 25 ans des rendements agricoles par hectare dans la region de Madrid

En tout, sur un hectare, et prenant la moyenne des 25 derniers ans, il est possible de produire :

  • 2,24 Tm de blé ou
  • 9,75 Tm de maïs ou
  • 25,08 Tm de pommes de terre ou
  • 2,56 Tm de raisins ou
  • 0,50 Tm d’olives

Le parc du Retiro, au centre de Madrid, mesure un peu plus de 100 hectares ; pour arrondir ce chiffre sera considéré. Si le Retiro était utilisé intégralement pour des cultures (ce n’est qu’une hypothèse, pas du tout une proposition…), chacun des 1.075.000 habitants du centre de Madrid (emprise du Proyecto Madrid Centro) pourrait manger, a chaque récolte :

  • 208 grammes de blé ou
  • 907 grammes de maïs ou
  • 2,33 kg de pommes de terre ou
  • 230 grammes de raisins ou
  • 46 grammes d’olives

S’il est vrai que certaines expériences montrent la possibilité de plus hauts rendements dans les potagers urbains que dans les cultures courantes, il n’est pas certain que les sols du Retiro soient aussi bons pour la culture…

Formulé autrement, pour chaque m2 de cultures urbaines, avec ces mêmes chiffres, a Madrid l’on obtiendrait :

  • 224 grammes de blé ou
  • 975 grammes de maïs ou
  • 2,5 kg de pommes de terre ou
  • 256 grammes de raisins ou
  • 50 grammes d’olives

Ceci ne veut pas dire pour autant que l’agriculture urbaine soit insensée a Madrid, mais qu’il faut bien cerner ses capacités réelles de production et que ses fonctions vont bien au delà de la production alimentaire, pour toucher aussi aux questions sociales et environnementales.

Le Siege Social et les prix

Nous les architectes, voila une profession particulière : le matin tu peux être au chantier avec de la boue jusque aux genoux, et l’âpres midi avec ceux qui ont le pouvoir dans des environnements très sophistiqués. A nous de chercher toujours la meilleure solution possible, parfois sans se voir fournir pour autant les moyens nécessaires. Et a nous aussi d’assumer un rôle de bouc émissaire parfait pour certains (qui comme toujours ont même raison en quelques cas).  Il est clair que tout cela ne nous arrive qu’a nous…

Normalement les architectes constituent des associations pour la défense de ce qu’ils croient être leurs droits, et ces associations ont un certain statut légal. En Espagne ces entités sont les Collèges des Architectes, et celui de Madrid est le COAM. La forte crise économique, en Espagne en grande partie liée a la bulle immobilière (et avec un impact direct sur l’activité, avec une proportion non négligeable des architectes de Madrid au chômage) a eu un impact très fort sur l’entité.

Comme souvent même pour les organisations qui n’impliquent pas les architectes, peut avant le début de la crise le COAM a décidé de déménager vers un nouveau siège, avec le cout que cela implique. L’impact a long terme de ce déménagement sur le COAM (qui doit aussi faire face a des modifications légales qui peuvent être une menace majeure pour son économie) est encore a voir, mais au moins nous avons eu un bâtiment qui apporte quelque chose a Madrid. Le bâtiment est bien construit et il est bien intégré dans la rue, mais surtout il permet de récupérer, avec un caractère semi-public (encouragé par le partage du bâtiment avec des équipements publics), une cour avec un beau jardin. Si Madrid et pas mal des villes espagnoles ont perdu avec le temps quelque chose, ce sont ces cours en tant qu’espaces de silence et avec une certaine qualité par la présence de potagers et jardins, et ici, même si il n’y a pas des grands arbres, il y a des éléments très positifs. Le projet de l’architecte Gonzalo Moure intègre aussi d’autres usages, comme une piscine publique avec des belles vues.

Ce nouveau siège social a ouvert ses portes il y a quelques mois, mais en vérité je ne l’ai visité qu’hier soir, a cause des prix annuels du COAM. La visite avait un propos concret (notre Projet Madrid Centre a reçu un nouveau prix), mais aussi intéressante.

Le Siege Social, ou la sede (ainsi nommé en espagnol pour l’image corporative, comme un film ou un roman), vaut le détour, sur le 63, calle Hortaleza, avec des expositions et des activités culturelles liées a l’architecture.

Proyecto Madrid Centro (3)

La proposition du Projet Stratégique est une alternative, radicale mais susceptible d’implantation graduelle et a bas cout, au besoin d’introduire des limitations a l’accès sans restrictions des véhicules au Centre sans pour autant mettre en crise l’accessibilité comme qualité essentielle associée a la centralité. La structure des rues principales garantit l’accès par transport public et automobile a la totalité de l’espace urbaine, mais la maille secondaire de rues d’accès restreint aux résidents permet de créer un réseau complémentaire ou le confort des piétons, l’accessibilité pour les velos, les arbres et les activités économiques et commerciales deviennent les éléments principaux.

La nouvelle cellule urbaine est aussi l’échelle cohérente pour réorganiser l’accès des citoyens au services et équipements de proximité, un puissant atout de correction des inégalités

Proyecto Madrid Centro (2)

La qualité de l’espace public est le catalyseur le plus relevant pour déchainer la transformation de la ville, ce qui nécessite d’une meilleure organisation de la relation entre automobile, piétons et vélos, récupérant une partie importante des rues pour des usages qui contribuent a une meilleure qualité de vie sans compromettre la vitalité économique.

La rue est la référence des bâtiments, le support de la mobilité, et, de par son socle commercial, la membrane d’interaction entre les sphères publique et privée. Travailler sur la rue permet de repenser a ses possibilités d’organisation et aussi a celles des bâtiments qui la définissent.

Le projet propose de configurer des nouvelles « cellules urbaines » (1) portant deux idées essentielles :

–          Séparer les trafics passants de ceux exclusifs des résidents,  en rabattant les premiers sur des voies specifiques.

–          Passer de 70% de l’espace public consacré a l’automobile a juste 30%.

Le concept de cellule urbaine a été utilisé dans plusieurs projets pour des villes espagnoles par Salvador Rueda, Directeur de l’Agence d’Ecologie Urbaine de Barcelone et membre de l’équipe du projet (dirigé par Ezquiaga, Herreros et Perez Arroyo).

Proyecto Madrid Centro (1)

La semaine prochaine comencerá une serie sur le Proyecto Madrid Centro

Le projet peut etre consulté sur http://www.madrid.es/portales/munimadrid/es/Inicio/Ayuntamiento/Urbanismo-e-Infraestructuras/Proyecto-Madrid-Centro?vgnextfmt=default&vgnextoid=0b65488f7c742310VgnVCM1000000b205a0aRCRD&vgnextchannel=8dba171c30036010VgnVCM100000dc0ca8c0RCRD

Quelques chiffres sur Madrid (1)

Voici quelques chiffres sur la densité du centre de Madrid, d’après les surfaces bâties enregistrées au cadastre en 2010. La surface représentée correspond à l’emprise du Proyecto Madrid Centro, avec 36.833 parcelles qui ont une surface totale de 33,829 millions de m2 et une surface bâtie totale de 101,434 millions de m2, avec au total un COS de 2,99.

La première carte montre la surface bâtie sur chaque parcelle, en m2

Cette carte montre la position des 10 parcelles avec les plus grandes surfaces bâties ; pour ceux qui connaissent Madrid, ce sont parfois des bâtiments conventionnels, mais groupes sur des très grandes parcelles cadastrales.

La carte du COS existant montre que les plus grandes valeurs sont dans les extensions urbaines des siècles 19 et 20.

Les 10 plus hautes valeurs du COS correspondent en général a des grands magasins et des tours.

Surface bâtie totale des parcelles avec façade sur la Gran Vía, l’avenue (1.300 m de longueur) percée a travers du centre historique au début du 20eme siècle.

Surface bâtie totale des parcelles avec façade sur la place de la Puerta del Sol (225 m sur l’axe long), le km 0 de Madrid

Surface bâtie totale des parcelles du centre du commerce urbain de Madrid (les rues qui communiquent la Puerta del Sol et la Gran Vía), une zone avec une surface au sol de près de 150.000 m2.

Surface bâtie totale des parcelles d’Azca, le centre d’affaires du nord sur l’avenue de La Castellana (le chiffre devrait augmenter a cause de la reconstruction d’une tour incendiée), une zone avec une surface au sol de près de 190.000 m2.

Le COS d’AZCA n’est pas substantiellement plus haut que celui du centre du commerce urbain, mais une architecture et des formes de gestion différentes ont produit un tissu urbain complètement différent.