Densité

Cartes 2014 (19) Europe vide

teselas pobladas EURO 2006Aujourd’hui ce n’est pas le tour d’une carte réalisée par un tiers, mais d’une exploitation de données Eurostat. Il y a quelques mois j’ai commenté qu’un projet de définition d’une grille d’un km recouvrant l’ensemble de l’Europe était en cours, pour avoir une meilleur vision sur des données comme la population, dont la représentation par unités administratives pouvait être irréelle.

Donc me voila parti sur le site specifique d’Eurostat (http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/portal/gisco_Geographical_information_maps/popups/references/population_distribution_demography) pour télécharger la GEOSTAT 1 km2 population grid, avec de données de population de 2006. La carte de densité est relativement connue en ce qui concerne la relation entre les zones les plus peuplées, mais pas tellement celle des zones vides (d’ailleurs, le fichier géométrie d’Eurostat omet les points de la grille pour ces zones sans habitants). Comme d’habitude pour les données Européennes, il y a des pays hors de l’Union (Suisse, Norvège, Islande) sur la base, tandis que d’autres manquent) (Chypre).

Les carreaux disponibles (peuplés, près de 2 millions) laissent les vides par exclusion ; on voit déjà a première vue que l’Espagne, les Alpes, les Carpates, des parties de la Grèce et les montagnes Ecossaises et scandinaves ont des zones vides.

Mais le plus intéressant est de faire ressortir les zones vides.

Les zones vertes n'ont aucun habitant. Tellement d'espace vide... mais il faut bien cultiver et avoir des espaces qui rendent des services environnementaux...

Les zones vertes n’ont aucun habitant. Tellement d’espace vide… mais il faut bien cultiver et avoir des espaces qui rendent des services environnementaux…

Calculs simples (2) 32 familles

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En 2012 chaque espagnol a dépensé en moyenne 1.585 euros en nourriture et boissons non alcoolisées, d’après l’enquête des dépenses des ménages de l’INE. La dépense moyenne par ménage fut de 4.060 euros. Donc chaque semaine l’achat moyenne en nourriture fut de 78 euros. Ces valeurs sont une moyenne nationale, qui va du centre de Madrid au plus petit hameau rural, et donc qui couvre des grandes differences aussi bien en prix qu’en pouvoir d’achat.
D’apres les données du portail immobilier idealista.com il y a a Madrid une offre d’une certaine magnitude de locaux commerciaux en location autour de 5 €/m2, normalement dans des quartiers périphériques de revenus bas- moyens.
Considérant que le cout de la location soit équivalent a 5% des ventes mensuelles, un local de 100 m2 avec un cout de location de 5 €/m2 devrait vendre 10.000 €/mois ; c’est-à-dire, il devrait avoir une clientèle de 32 familles dépensant la totalité de leur budget alimentaire chaque semaine si l’on veut se positionner dans le domaine alimentaire.
Ces chiffres sont susceptibles de plusieurs variations prenant compte de facteurs comme la localisation, les conditions de la clientèle, la stratégie commerciale ou le format du magasin. Mais ils permettent de comprendre pourquoi le commerce se concentre, et pourquoi il ne serait pas réaliste de trouver une haute concentration de magasins dans une zone pavillonnaire (hormis centre commercial de banlieue). C’est-à-dire, la densité compte beaucoup.

Une vue plus globale: la densité aide

Une vue plus globale: la densité aide

Cartes 2014 (6) Une carte de personnes

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Le Centre Weldon Cooper des Services Publics de l’Université de Virginie a publié une carte qui montre les données du recensement de 2010 des Etats-Unis au niveau des ilots urbains. Pour chaque personne il y a un point: bleu si c’est un blanc, vert pour les noirs, rouge pour les asiatiques, orange pour les hispaniques, et marron pour le reste. L’écran n’apportant pas cette résolution sur les grandes échelles, chaque pixel montre une couleur qui est un mixage de sa composition raciale. Il est ainsi possible de voir la densité de population et la ségrégation géographique.

Assez intéressant de faire un tour sur la carte.Dans certains pays ou les données sur la race ne sont pas appliquées pour le recensement (d’après une volonté légale d’éviter les discriminations), comme en France, une carte comme celle-ci n’existe pas, malgré le fait qu’elle montre des réalités dont la connaissance peut être utile. Ceci ne veut pas dire que vous n’avez pas des cartes sur la pauvreté, mais plutôt que vous représentez des effets et non une partie de ce que vous ressentez comme une cause.

La ville de Mexico (1) Pas de yeux sur la rue dans le centre de la mega-ville?

Quelle est la plus grande ville du monde ? Difficile de savoir ; mettez cinq géographes de pays différents devant d’un même territoire et surement ils proposeraient cinq façons de faire un découpage selon leurs critères. Il est difficile de savoir si la plus grande ville du monde est Tokyo, ou Mexico, ou Delhi, car en premier lieu il faudrait définir avec précision ce que l’on entend comme une ville dans ces echelles (on a toujours droit a se poser des questions sur les critères ONU). Ce qui parait clair est que la plus grande ville (n’importe le sens précis du terme) du monde hispanophone est Mexico. Comme dans d’autres cas, encore une ville où je n’ai jamais mis les pieds (et donc, je remercie les commentaires, spécialement de mes lecteurs mexicains). De l’Espagne on voit le pays avec plusieurs sensations : curiosité envers un pays culturellement complexe, une certaine prévention envers une image de violence et inégalité, étonnement face aux dimensions des problèmes, et intérêt pour une société qui semble être en évolution. Pour cette balade, je vais utiliser un ensemble de fichiers d’ilots urbains de l’INEGI avec des données associées qui m’a mené a poser, de cette distance géographique et culturelle, quelques questions.

Mexico and its neighboring municipalities

Mexico et ses communes proches

La première image montre la plupart des ilots de ce que l’on pourrait décrire comme la ville (plus ou moins) continue. Le teint bleu correspond aux ilots de l’état de Mexico, le rouge à ceux du District Fédéral ; les gradations de couleur représentent le nombre d’habitants par ilot. L’échelle graphique donne une idée des magnitudes spatiales dont on parle, pour une métropole qui comptait en 2010, selon l’INEGI, avec quelques 20 millions d’habitants.

Centre-ville, populations totales par ilot

Centre-ville, populations totales par ilot

La deuxième image montre le centre symbolique de la ville ; les croix bleues ont une séparation de 500 m dans les deux directions. Ici sont la place du Zócalo (1), la Cathedrale (2), la Torre Lationaméricana (3), le Palais des Beaux-Arts (4) et le Paseo de la Reforma (5). Les gradations de rouge sont proportionnelles aux habitants par ilot, marqués sur chacun. C’est un peu surprenant de voir que cette zone, avec quelques 220 ilots il n’y a que quelques 68.000 habitants sur 4,5 km2, une densité (150 habitants par hectare) qui semble plutôt réduite pour un centre-ville ; la donnée semble se justifier par l’occupation par des activités tertiaires, mais pas a cause du vieillissement d’autres centres urbains (voir les images suivantes). L’impact a moyen terme des mesures récentes comme la conversion en rue piétonne de la rue Madero, positive en termes de mobilité et de sécurité, devrait être positif, mais reste à confirmer pour la démographie locale.

Donc, une question se pose, du genre Jane Jacobs: pas de yeux sur la rue dans le centre de la mega-ville?

Habitants de moins de 14 ans par ilot

Habitants de moins de 14 ans par ilot

Habitants de plus de 60 ans par ilot

Habitants de plus de 60 ans par ilot

Sous le tapis (5) Quand le tapis s’insurge

Malé est la capitale des Maldives. Un peu plus de 100.000 habitants sur un espace assez réduit au beau milieu de l’océan Indien. Une partie importante de la surface de la ville a été construite récemment, et les remblais avancent toujours, comme montrent les deux images de http://landsatlook.usgs.gov/. Une course entre croissance urbaine et démographique d’une part, et la monté de la mer à cause des dérèglements climatiques.

Mais ici on n’est pas aux Pays Bas, ou en Louisiane. Il n’y a pas d’arrière-pays ou se retrancher en cas d’inondation. Et tout ce que l’on aura jeté à la mer sera proche et pourra être ramené par la marée.

Barrio de Salamanca (7) Avenir

Usages principaux par parcelle dans le nouveau plan preliminaire: bleu activites, orange logement

Usages principaux par parcelle dans le nouveau plan preliminaire: bleu activites, orange logement

http://www.madrid.es/portales/munimadrid/es/Inicio/Ayuntamiento/Urbanismo-e-Infraestructuras/Revision-del-Plan-General?vgnextfmt=default&vgnextchannel=4d190d0215664310VgnVCM2000000c205a0aRCRD. Ce nouveau plan devrait faire face à une situation peu confortable, aidant a dépasser l’orage économique et a guider une municipalité avec quelques 3 millions d’habitants sur 600 km2 ver un avenir plus durable tous azimuts (notre Proyecto Madrid Centro est mentionné parmis les sources du projet). Mais je ne veux pas parler ici des questions concernant le pari territorial de ce document ou la decision (peu courante, car elle peut comprometre le debat sur le pari territoriel) de publier des plans a la parcelle a un stage si preliminaire, l’objet étant le Barrio de Salamanca.

Le Barrio de Salamanca est ici simplement un élément de plus, central et important de par sa dynamique, mais pas un « premier rôle ». Qui plus est, c’est son «frère pauvre », le quartier d’Arganzuela, déjà planifié aussi par Castro en 1860, qui prend un rôle plus visible pour compléter la transformation industrie- logement et activités qui a été entamée dans la décennie de 1980 et devenir une centralité du sud.

Mais il y a quelques questions dans ce plan préliminaire que l’on peut souligner :

–           A cause de la position centrale du quartier, plusieurs rues principales sont inscrites dans la stratégie de récupération des boulevards principaux, ce qui devrait augmenter le vert urbain. Des évolutions importantes du partage piéton- auto sont visibles sur certaines images de synthèse pour des axes comme Principe de Vergara, ou la création d’un parc dans la Plaza del Marqués de Salamanca.

Images du rapport de présentation du Plan preliminaire sur le traitement de l'espace public

Images du rapport de présentation du Plan preliminaire sur le traitement de l’espace public

–           Il y a une volonté de donner une plus grande flexibilité a l’implantation d’activités en rez de chaussée (commerce et autres), pour accroitre la vitalité urbaine.

–           Le Barrio de Salamanca est l’une des zones de la ville le moins bien loties en termes de surfaces d’équipements ; ce n’est pas nouveau, et résulte des évolutions depuis le plan original de Castro, qui aurait permis d’avoir plus d’espace pour ces usages.

Dans l’ensemble, un quartier qui est né pour améliorer et élargir une ville d’une façon rationnelle est devenu simplement un quartier de plus, certes puissant en termes économiques, mais aussi avec des déficits persistants qui résultent de l’abandon des postulats urbanistiques d’origine. Ceci est un peu moins grave ici a cause des revenus per capita, mais quand même, tous les résidents ne sont pas en or…

Posons la question autrement : le Barrio de Salamanca aurait pu devenir une centralité telle avec la configuration initialement prévue ? ça parait improbable, et la même question doit être posée pour les extensions urbaines de basse densité de nos jours. On ne pourrait prétendre que tout le tissu urbain soit une centralité continue, mais quand on parle aujourd’hui de « sprawl repair » et autres idées semblables qui gagnent (heureusement) une place sous le soleil), l’équilibre entre espace et équipements publics d’une part et densité de l’autre doit être soignée, car la densification est toujours complexe.

Barrio de Salamanca (6) Densité

salam-colon

Revenons au debut. Le projet de l’extension urbaine de Madrid preparé entre 1857 et 1860 par Carlos María de Castro, dont le Barrio de Salamanca fait partie, comptait faire evoluer un Madrid de quelques 270.000 habitants jusque a une population de quelques 450.000 en un siecle. Aujourd’hui on parle encore du Plan Castro (entre professionels, certes, car il n’a pas eu l’ouverture vers la societé en général de Cerdá a Barcelone), mais tout comme a Barcelone, ce qui reste ne sont que quelques elements de structure, et tout particulierement l’idée d’extension reticulaire de la ville.

Le Plan de Castro (Anteproyecto de Ensanche, aprouvé le 19 juilliet 1860) fixait une hauteur maximale de 3 etages (RdC+2), avec une emprise maximale au sol des batiments de 50% de la parcelle. Mais déjà en 1864 le Gouvernement augmente de 3 a 4 les etages, reduit de 50% a 30% les espaces pour cours et jardins dans les parcelles de plus de 10.000 m2, et a 20% pour celles de moindre surface, et comptabilise dans ces surfaces les rues particulieres. En 1867 on permet d’appliquer aux extensions urbaines les mêmes ordonnances de construction que dans le centre historique, permetant donc cinq etages et des surfaces amenages sous les combles. Castro lui-même est depourvu de son poste de Directeur de l’Extension Urbaine en 1868. En 1873 des accords municipaux reduisent la largeur des rues, supriment les jardins sur des espaces privés, et legalisent toute modification prealable. La liste ne s’arete pas la. Et comme dans toute mauvaise blague administrative, le Plan Definitif de l’Extension (Plano Definitivo del Ensanche), car il faut se rappeler que le document de 1860 etait consideré un avant-projet, est aprouvé en 1898, lorsque l’extension etait deja bien entamée…

Le projet de Castro comptait allouer, a terme, 50,98 m2 construits par habitant pour l’ensemble de l’extension urbaine, allant bien au dela des 28,68 disponibles dans le centre historique. Aujourd’hui, et en prenant seulement le Barrio de Salamanca sur la partie de l’arrondissement homonime qui correspond au projet d’extension (a l’ouest de la rue Francisco Silvela), on obtient pres de 83.000 habitants et une densité de 282 habitants par hectare; en revenant sur les données du cadastre, il y a un peu plus de 6 millions de m2 de surface batie de logements dans la zone, ce qui nous mene a 73 m2 de logements par habitant. On depasse donc largement la prevision de Castro en moyenne, quoique je crois que cette moyenne integre des tres fortes variations…

Lyon et Pittsburgh (5) Régions

pitts400

Pittsburgh

Lyon400

Lyon

Prenez des cartes d’occupation des sols, analysez parkings, voiture et transports publics, et sauf pour la question des zones appaisées, pafois on a du mal a reconnaitre l’Europe…

Réseau bus a Pittsburgh et arrets bus dans la zone centrale

Réseau bus a Pittsburgh et arrets bus dans la zone centrale

Lyon, zonnes appaisées et (points) parkings

Lyon, zonnes appaisées et (points) parkings, a la même echelle qu’a Pittsburgh

 

Biblio (66) La division des maisons individuelles au cœur de l’Île-de-France

biblio 66-division pavillonaire ile de france

Une nouvelle étude sous l’égide de l’ Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Île-de-France montre que dans cette région:

a)        Dans la plupart des communes ayant expérimenté une augmentation de densité entre 1999 et 2008 il n’y a pas eu d’augmentation de la surface résidentielle au sol

b)        25% des nouvelles unités résidentielles apparues entre 2001 et 2011 résultent de divisions de bâtiments préexistants.

Ceci ne s’est pas produit d’une façon homogène sur le territoire régional, avec des zones ou les hauts prix immobiliers ont entrainé une réduction du nombre de logements (fort peu nombreuses et réduites en surface), tandis que d’autres sont allées dans la voie opposée (la majorité…).

L’impact de ces dynamiques était peu connu jusque a nos jours. Quelques 2.000 logements sont produits chaque année par subdivision de 770 maisons individuelles, essentiellement dans des quartiers populaires bien desservis. L’accession en propriété devient normalement loyer pour des jeunes ménages.

Ce texte touche a une question qui est plutôt une constante historique : la croissance des villes entraine normalement une densification, et le temps est venu de voir comment l’urbanisme règlementaire fait face a une échelle massive.

Certains pourraient voir ici une victoire des transports en commun, car cette croissance va en grande partie vers les zones bien desservies ; je crois qu’une recherche approfondie pour voir quelle part ceci joue sur le choix résidentielle serait nécessaire, mais sans doute ça joue pour quelque chose dans une métropole avec la congestion routière de l’Île-de-France.

Biblio (63) Carroyages…

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Cet article concerne une presentation faite par Jean Luc Lipatz (INSEE) sur le sujet du carroyage des données statistiques, une nouvelle methodologie de diffusion de l’information. L’ensemble de l’Europe (chaque pays développe ses données) est divisée en carreaux, sur lesquels sont enregistrées les données du recensement ou autres. C’est bien plus illustratif en termes geographiques de ce qui se passe sur le territoire que les systemes qui utilisent les decoupages administratifs.

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