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Des Alpes a l’Atlantique (2) Bologne, arcades, trottoirs et zones piétonnes

bologna- madera

A Bologne les arcades, quelque chose de circonstanciel dans d’autres villes, deviennent ici systématiques. Ce n’est pas qu’ils sont absents sur d’autres villes, mais ici il y a plus de 40 km de longueur, et presque n’importe quel parcours dans le centre historique peut se faire par les arcades. Dans la plupart des villes ils sont un élément qui complémente le trottoir, mais ici ils le substituent presque entièrement. Ce qui implique que parfois le piéton ne voit clairement les véhicules qu’au moment ou il se penche vers la chaussée (ce qui n’est pas nécessairement bon), mais aussi que celui qui arrête sa voiture doit faire plus attention. En hiver, par temps de verglas, le soleil n’atteint pas le sol, donc il est plus facile de glisser, mais si il pleut on est couvert. Par rapport a d’autres villes historiques, il y a très peu de trottoirs et plutôt peu de rues piétonnes, mais le piéton occupe une zone exclusive d’une façon qui vous donne un sentiment plutôt diffèrent ; même en voulant, les voitures et camions ne pourraient occuper l’espace piéton qu’en conditions plutôt inusuelles.

Centre de Bologne (cartographie ouverte municipale). Rouge: trottoirs. Bleu: rues pietonnes

Centre de Bologne (cartographie ouverte municipale). Rouge: trottoirs. Bleu: rues pietonnes

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Il semble que ces arcades sont apparues ver le XIIème siècle, a un moment ou les rues étaient plus larges, en tant que solution d’extension des bâtiments pour loger une population universitaire croissante. En 1288 une ordonnance municipale a fait obligatoire de les construire en pierre ou en brique, mais certains exemples en bois subsistent. La mesure clé était les 7 pieds bolognais de hauteur (2,66 m), suffisants pour permettre le passage d’un homme a cheval. En termes juridiques, c’était une servitude obligatoire qui garantissait l’usage public et la conservation par le propriétaire en échange de l’usage des étages supérieurs. En étant un élément architectural obligatoire pour tout bâtiment, il a adopté des formes diverses, que ce soit dans des palais ou dans des humbles logements, avec une importante variété.

Les arcades bolognaises (Portici bolognesi) font l’objet d’une candidature a intégrer la liste du patrimoine mondial UNESCO.

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Ces arcades ont aussi probablement survécu a cause d’un autre facteur : face a d’autres villes historiques avec des problèmes par sa localisation sur des collines, cette ville est en plaine, ce qui facilite la vie aux piétons.

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Biblio (90) Pathfinders

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En 2007 l’Office National des Audits du Royaume Uni (NAO) a publié un rapport sur le programme Housing Market Renewal. Ce programme est apparu en 2002 pour faire face aux problèmes des zones avec une très basse demande de logements et un parc résidentiel vacant important, essentiellement dans les zones industrielles en déclin du Nord et des Midlands. Le Gouvernement a aidé a la création de neuf alliances sous-régionales, nommées « pathfinders », avec participation des administrations et acteurs locaux. Chaque alliance s’est vue attribuer une large liberté pour s’adapter aux problèmes spécifiques de chaque zone.

Le programme avait en partie comme base une idée que l’on a applique aussi a Detroit : la démolition comme vecteur de régénération. Un parc de logements inadaptés a la demande fait plus difficile la réhabilitation urbaine, donc démolir et construire un nombre plus petit de logements meilleurs, de façon coordonnée avec des réhabilitations de logements existants, contribue a améliorer les villes.

Au total on a prévu un budget de 1.200 millions de livres pour la période 2002-2008, et d’un milliard additionnel pour la période 2008-2011. En mars 2007 le programme avait utilisé 870 millions pour la réhabilitation de 40.000 logements, la démolition de 10.000 et la construction de quelques 1.000 neufs. Au début la prévision était de 90.000 démolitions entre 2002 et 2018, un chiffre qui s’est progressivement réduit.

D’après le rapport, en 2007 on avait commencé a détecter des améliorations du marché immobilier et de la qualité urbaine des zones touchées. Mais on voyait aussi des impacts importants sur la cohésion sociale, et des doutes se posaient sur la capacité des programmes de ce genre de toucher aux causes réelles des problèmes de ces zones.

Le programme est disparu en 2011. D’après un article récent du Guardian, on ne dirait pas que ce fut un réel succès.

Formes et silhouettes (2) Murs

Rue de Varenne (google street view)

Rue de Varenne (google street view)

La définition des masses perceptibles depuis les espaces urbains peut oublier parfois des éléments qui n’ont pas une Surface utile, comme les clôtures. Une partie des espaces les plus intéressants du centre historique de Paris, tout spécialement la ou il y a des hôtels particuliers, est définie par des murs qui ferment la vision depuis la rue de cours souvent plus grandes. De même a Tolède ou Segovia. Les villes musulmanes s’appuient aussi sur ce principe, même si parfois les clôtures sont plus pauvres en apparence. La transition entre voirie et espace édifié s’enrichi ; ne dessiner que les grands éléments bâtis est fausser le plan.

varenne-avec

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Biblio (83) The city at eye level

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De temps en temps je tombe sur un site web qui est en fait la promotion d’un livre. Ce Biblio est bien cela, mais il semble aussi être l’origine de bien d’autres choses. Certainement c’est le site d’une entreprise (une agence privée d’urbanisme, rien de mauvais par ailleurs), mais la visite vaut le detour

La thèse centrale du livre est que le socle des bâtiments est une partie essentielle du caractère et de la qualité de vie de n’importe quelle ville. Une pensée avec laquelle je peux bien être d’accord, car je dois souvent travailler sur des questions d’espace urbain, que ce soit en relation avec le commerce ou de façon plus générale. Parfois les américains semblent penser (je sais bien qu’il y a des millions d’américains, je ne fais que mentionner ce que je lis sur des blogs) que l’Europe est l’Arcadie perdue de la forme urbaine, mais en fait on est souvent loin de cela, et ce livre, qui combine des points de vue géographiquement divers, apporte une vision intéressante. Les auteurs principaux sont hollandais (Stipo, une équipe multidisciplinaire), mais ils ont invité des contributions d’autres pays, de telle sorte que l’on peut lire sur les espaces urbains de Rotterdam, mais aussi sur le rôle des garages urbains en Flandre, par exemple.

Le livre affirme, prenant a l’appui des prévisions d’experts, que 30% des magasins actuels pourraient disparaitre a cause du commerce électronique ; j’assume qu’ils parlent d’une moyenne néerlandaise, mais en tout cas le scenario commercial est révolu dans tous les pays (par exemple, la fin des limitations des prix des baux a certains endroits pourrait bien être plus importante). Donc l’un des points centraux du livre, le fait que les socles des bâtiments peuvent bien avoir d’autres usages que le commerce, devient de plus en plus pertinent. En tout cas, le commerce est intégré dans la réflexion du livre d’une façon intéressante.

Le livre s’appuie sur une vision européenne de la ville qui a des parallèles avec le New Urbanism américain, mais a la différence qu’il se focalise sur la ville existante, et a donc un effet potentiel plus grand sur la vie quotidienne d’un nombre bien plus important de citoyens. En plus, la question est bien moins axée sur un « style » architectural, mais plutôt sur le jeu avec les éléments qui composent le paysage de la rue (une matière ou il y a eu des américains intéressants, comme Christopher Alexander).

Trottoirs

AceraQuelque chose de simple en apparence, mais pas toujours facile. Récemment j’ai lu quelques blogs mexicains, et l’affaire est bien difficile là-bas : plein de parking sauvage sur les trottoirs, ou même absence de trottoirs. A Madrid le problème est plutôt celui de la distribution judicieuse des usages sur les trottois, comme les bancs ou les kiosques. Ou les terrasses de cafés et restaurants…

Barrio de Salamanca (7) Avenir

Usages principaux par parcelle dans le nouveau plan preliminaire: bleu activites, orange logement

Usages principaux par parcelle dans le nouveau plan preliminaire: bleu activites, orange logement

http://www.madrid.es/portales/munimadrid/es/Inicio/Ayuntamiento/Urbanismo-e-Infraestructuras/Revision-del-Plan-General?vgnextfmt=default&vgnextchannel=4d190d0215664310VgnVCM2000000c205a0aRCRD. Ce nouveau plan devrait faire face à une situation peu confortable, aidant a dépasser l’orage économique et a guider une municipalité avec quelques 3 millions d’habitants sur 600 km2 ver un avenir plus durable tous azimuts (notre Proyecto Madrid Centro est mentionné parmis les sources du projet). Mais je ne veux pas parler ici des questions concernant le pari territorial de ce document ou la decision (peu courante, car elle peut comprometre le debat sur le pari territoriel) de publier des plans a la parcelle a un stage si preliminaire, l’objet étant le Barrio de Salamanca.

Le Barrio de Salamanca est ici simplement un élément de plus, central et important de par sa dynamique, mais pas un « premier rôle ». Qui plus est, c’est son «frère pauvre », le quartier d’Arganzuela, déjà planifié aussi par Castro en 1860, qui prend un rôle plus visible pour compléter la transformation industrie- logement et activités qui a été entamée dans la décennie de 1980 et devenir une centralité du sud.

Mais il y a quelques questions dans ce plan préliminaire que l’on peut souligner :

–           A cause de la position centrale du quartier, plusieurs rues principales sont inscrites dans la stratégie de récupération des boulevards principaux, ce qui devrait augmenter le vert urbain. Des évolutions importantes du partage piéton- auto sont visibles sur certaines images de synthèse pour des axes comme Principe de Vergara, ou la création d’un parc dans la Plaza del Marqués de Salamanca.

Images du rapport de présentation du Plan preliminaire sur le traitement de l'espace public

Images du rapport de présentation du Plan preliminaire sur le traitement de l’espace public

–           Il y a une volonté de donner une plus grande flexibilité a l’implantation d’activités en rez de chaussée (commerce et autres), pour accroitre la vitalité urbaine.

–           Le Barrio de Salamanca est l’une des zones de la ville le moins bien loties en termes de surfaces d’équipements ; ce n’est pas nouveau, et résulte des évolutions depuis le plan original de Castro, qui aurait permis d’avoir plus d’espace pour ces usages.

Dans l’ensemble, un quartier qui est né pour améliorer et élargir une ville d’une façon rationnelle est devenu simplement un quartier de plus, certes puissant en termes économiques, mais aussi avec des déficits persistants qui résultent de l’abandon des postulats urbanistiques d’origine. Ceci est un peu moins grave ici a cause des revenus per capita, mais quand même, tous les résidents ne sont pas en or…

Posons la question autrement : le Barrio de Salamanca aurait pu devenir une centralité telle avec la configuration initialement prévue ? ça parait improbable, et la même question doit être posée pour les extensions urbaines de basse densité de nos jours. On ne pourrait prétendre que tout le tissu urbain soit une centralité continue, mais quand on parle aujourd’hui de « sprawl repair » et autres idées semblables qui gagnent (heureusement) une place sous le soleil), l’équilibre entre espace et équipements publics d’une part et densité de l’autre doit être soignée, car la densification est toujours complexe.

Frontieres (1) Tui/ Valença do Minho

Les frontières européennes ne sont plus ce qu’elles étaient. Pas de flics, la même monnaie, et des différences relativement réduites entre les deux cotés. Mais le tabac, ou l’essence, ou n’importe quoi est toujours un peu moins cher de l’autre coté… histoire d’aller faire un tour. Les forteresses ne sont plus ce qu’elles étaient, maintenant il y a des touristes qui vont voir un marché, pas de soldats.

Parking Day 2013, une vision differente

Parking Day 2013 a juste eu lieu. La plupart des gens ne connaissent pas l’initiative: des gens occupent pendant un certain temps l’espace normalement dedié au stationnement, tentant de le transformer en espace public/vert. Plusieurs versions existent, la plus simple etant de mettre une piece dans l’horadateur et d’utiliser l’espace que vous venez de louer, pas pour garer un bagnole mais des elements verts, ne serait-ce qu’un tapis vert, ce qui fait penser les passants.

Entre les blogs que je suis il faut compter africanurbanism.net; Victoria Okoye donne une vision de l’urbanisme a Accra (Ghana), un contexte tres different de celui ou j’habite. Ou, pour etre plus precis, tres diferent de ce qu’est aujourd’hui mon contexte vital, car ce qu’elle raconte rappelle ce qu’etait probablement une grande partie de l’Europe avant la transition campagne- ville. Son blog vous fait penser a ce qu’est la raison d’etre de l’urbanisme comme intrument pour faire face aux problemes des citoyens.

Son dernier article parle de la transformation d’un espace de stationnement a Accra, ou ils ont fait une intervention qui etait deja prevue avant le Parking Day. Un acte ephemere, mais qui a mobilisé un grand nombre de personnes. Est-ce qu’il a signifié vraiment quelque chose pour les habitants? seulement le temps peut repondre, mais il y a deja une grande importance au simple fait d’essayer…