multiechelle

Biblio (122) Le revenu personnel et sa distribution en Espagne, en France et aux Etats- Unis

Biblio122-desigualdad

Apres avoir publié la carte sur l’inégalité en Espagne, a cause de certains commentaires il parait pertinent de montrer une vision comparative :

Espagne: Renta personal de los municipios españoles y su distribución, Miriam Hortas Rico et Jorge Onrubia Fernández, FEDEA, 2014. Appuyé sur des données de 2007

France: Les revenus et le patrimoine des menages, Cédric Houdré y Juliette Ponceau, edition 2014, INSEE. Données de 2011

Inegalités dans les etats européens, d'apres la publication de l'INSEE

Inegalités dans les etats européens, d’apres la publication de l’INSEE

Etats-Unis: State of Disparity, a Project looking at the economic disparity in CT, WSHU radio (fait du Connecticut, mais apportant une vision de l’ensemble du pays). Données de 2006 a 2010.

L’inegalité augmente, mais a chaque endroit d’une façon differente

Biblio (121) Séries longues des prix immobiliers en France

biblio121-series longues prix immo- Paris depuis 1200

Voici un ensemble de références d’intérêt sur les séries longues des prix immobiliers en France, pour 1936-2015 pour le pays entier et de 1200 a 2015 a Paris. Cette vision en séries longues n’est pas sans rappeler la base de séries longues qui appui les études sur le revenu de Pikety.

Les séries depuis 1200 pour Paris sont bien sur appuyées sur des méthodologies variables, avec une représentativité statistique plus faible. Elles montrent un comportement erratique, pour ne pas employer un autre adjectif, mais la réalité est parfois comme ça.

Paradoxes et le besoin d’une place dans la chaine, mais laquelle ?

Barrage de Guadalest, Alicante, Espagne

Barrage de Guadalest, Alicante, Espagne

Depuis un certain temps je suis occupé par un projet de planification dans une région rurale de basse densité, qui a eu historiquement des grandes valeurs naturelles mais aussi une importante action humaine sur le territoire. Pendant le dernier siècle un nombre important de barrages ont été construits, et on vient de remplir l’un des plus grands du continent. D’un autre coté, en suivant couramment les media français j’ai forcement tombé sur les nouvelles sur le conflit du barrage de Sivens, dans une zone rurale de basse densité au nord de Toulouse.

Le traitement que les sociétés européennes (de l’Union Européenne, pour être plus précis) accordent à l’environnement est complexe. D’un côté, aux premiers moments de l’Union apparait un corpus législatif important, s’appuyant sur l’expérience et philosophie des pays fondateurs (essentiellement du nord) ; ce corpus s’est vu renforcé et formalisé, et, surtout, codifié juridiquement par des protections européennes de territoires spécifiques et des décisions des cours de justice européennes. D’un autre cote, les citoyens, par la combinaison de l’expérience directe des problèmes de pollution et de perte des espaces ou paysages socialement perçus comme importants, ont une vision de la protection de l’environnement comme quelque chose de positif. Cette perception citoyenne n’est peut-être pas trop scientifique, mais elle s’est construite avec le temps sous un jour favorable, surtout dans les pays du sud ou l’adhésion a l’Union s’est vue comme un pas en avant. La situation actuelle de crise économique dans le sud amène a certains a revoir cette vision, en opposant protection environnementale et développement économique (c’est curieux, mais il est si facile de dire que Bruxelles est coupable… tout comme Madrid, Paris, ou Washington a une autre échelle).

Le système produit des paradoxes. D’un côté les écosystèmes se présentent, que ce soit par leur description scientifique ou par l’administrative (associée a la protection du territoire) comme une réalité en équilibre statique ; connaitre quelque chose c’est l’aimer, donc souvent un mécanisme psychologique simple fait qu’il y ait une prédisposition a considérer ces descriptions comme plus fiables que des réalités en cours. C’est une attitude assez compréhensible par l’évolution générale de dégradation environnementale du continent et par la peur de l’inconnu, et surement au moins en partie un élément de la motivation des zadistes de Sivens contre le barrage. D’un autre côté, les barrages montrent que certainement ont détruit des écosystèmes de départ, mais la création de nouveaux plans d’eau et l’irrigation des terres de culture altère les flux écologiques et favorise parfois l’implantation ou l’expansion de certaines espèces. Je ne suis pas écologue, mais je vois que des barrages crées avec l’opposition de groupes de défense de l’environnement deviennent, avec le temps (et la dimension générationnelle, au sens de la substitution des anciens activistes par des nouveaux), des nouveaux espaces a défendre par ces mêmes mouvements en tant qu’espaces de biodiversité. La question que je me pose, et pour laquelle je n’ai pas de réponse par les limitations de mes connaissances, est si la situation actuelle est meilleure ou pire que la précédente en termes de qualité des écosystèmes. Je crains qu’elle ne soit pas meilleure que la situation préalable a l’industrialisation a cause de la perte d’espèces, mais je ne suis pas aussi sur si l’on compare deux moments pendant les 50 dernières années.

En termes professionnels, face a ces questions je fais confiance aux experts environnementaux avec lesquels je travaille. Mais parfois je les vois aussi douter ; il est certain que dans les régions peuplées depuis longtemps l’interaction entre homme et nature a conditionnée les écosystèmes depuis des siècles, quoique la pression a augmenté énormément pendant le dernier a cause de l’évolution technologique. Je n’ai pas de doute sur le fait que nombreux sont les systèmes traditionnelles d’exploitation du milieu rural dont l’impact environnemental est plus réduit que pour les méthodes modernes, mais les agriculteurs ne sont plus les mêmes, et leur culture, nettement urbaine, influe sur les demandes faites par la société (les agriculteurs sont des agents économiques) et sur leurs aspirations qui leurs sont permises.

Un exemple peut être illustratif : en Espagne il y a des espaces qui aujourd’hui sont des steppes, mais comme résultat des politiques d’expansion de l’élevage de la Mesta pendant le moyen Age. On peut se demander ce qui est plus intéressant pour le développement durable du territoire, maintenir un paysage qui résulte de l’action d’un cartel de la laine du XIIIème siècle ou un retour a son état boisé précèdent ?. D’un autre côté, l’une des plus grandes forêts de l’Europe aujourd’hui, les Landes de Gascogne, n’était pas la il y a deux siècles, et une question analogue peut se poser. Tout comme devant un centre historique on peut se poser la question de l’évolution du continent une fois que le contenu a changé énormément, on peut penser de la même façon sur les territoires.

On peut réfléchir sur le besoin de modifier les modes de consommation, une voie que je considère essentielle. Mais je ne suis pas sûr que ça seulement soit suffisant, et que l’on ne doit pas passer a penser les écosystèmes en termes plus dynamiques. Et la je crains que nous manquons les outils nécessaires, car :

  • Dans la plupart des disciplines d’analyse des écosystèmes, au moins en ce qui concerne l’aménagement du territoire, la vision statique domine ; c’est logique, car il est difficile de prévoir les interactions dans des systèmes aussi complexes, mais ça comporte les paradoxes mentionnés.
  • Le principe de précaution peut être mis en doute par certains, mais il y a une base rationnelle ; le problème est sa modulation en tant que critère opérationnel.
  • Le dilemme entre réflexion et action se pose toujours en matières comme les mutations climatiques, et on est loin de solutions communément acceptées, c’est-à-dire, susceptibles d’intégrer une culture commune au-delà d’une vision disciplinaire.

Donc la question de notre rôle (des humains) dans la chaine écologique est central, pas seulement en termes de garantir notre survie comme espace (tout espèce voudrait survivre), mais pour savoir jusque ou aller dans l’intervention sur le milieu. Je ne veux pas dire par la que la planification doit tout permettre partout, mais que la réflexion sur ces matières doit être plus ouverte.

Cartes 2015 (6) Une carte mentale

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… d’une partie des derniers articles et d’un échantillon des prochains. Comme j’avais avancé précédemment sur Catalyseurs du changement urbain (1), mon intérêt, au-delà de l’état actuel des villes, est dans les facteurs sou jacents de leurs évolutions. J’avais aussi indiqué mon intérêt pour le grain de la ville, donc la question de l’échelle est aussi pertinente. J’accepte vos suggestions.

Un programme pour 2015: le grain des villes

Un endroit que je connais bien, vu du Landsat

Un endroit que je connais bien, vu du Landsat

Le relief, premiere echelle de "grain" du territoire. La Corogne, d'apres des données altimetriques IGN-e

Le relief, premiere echelle de « grain » du territoire. La Corogne, d’apres des données altimetriques IGN-e

Définir un programme aide a faire plus facile ce qui est complexe. Les Nations Unies ont déclaré 2015 l’année internationale de la lumière et des techniques utilisant la lumière, et année internationale des sols. A priori, ce sont des points de départ peut-être plus propices pour un blog comme celui-ci que 2016 (année internationale des légumes et des camélidés, ce qui nos mènerait a la typologie des sérails, ce qui es plutôt lointain pour moi…), quoique l’on ne sait jamais… Il me semble mieux de faire le choix d’un sujet plus centré sur le milieu urbain bâti. Et de façon plus concrète, d’un sujet qui est transversal a la plupart des travaux d’intérêt que je lis récemment, et qui me semble donc central : le grain de la ville.

Je ne parle pas ici du grain au sens des cultures, mais des différentes qualités que chaque échelle d’approche peut transmettre sur la ville ou le territoire. Mandelbrot a traduit une pensée semblable avec la théorie fractale, comme la présence de qualités visuelles (il parait que tout en étant un mathématicien, il a donné une large préférence aux représentations visuelles des concepts abstraits, comme des structures sou jacentes dans les données en ce cas) qui semblent similaires a des échelles différentes.

Les batiments d'apres leur description cadastrale, une couche suplementaire de "grain"

Les batiments d’apres leur description cadastrale, une couche suplementaire de « grain »

Le grain de la ville peut être physique (un quartier historique peut avoir un détail plus grand en plusieurs sens) ou immatériel, lié aux flux et liens sociaux et économiques ; les espaces les plus intéressants sont ceux ou les deux qualités de détail confluent.

Le grain pose essentiellement deux questions :

  • La capacité des instruments que l’on utilise pour représenter la ville ou le territoire pour nous raconter une complexité donnée.
  • La présence (ou non) de complexités sur le territoire, dans un sens ou l’autre.

Tout au long de l’année, en parallèle a d’autres questions plus circonstancielles, celle-ci sera la base du blog. Comme toujours, j’accepte vos propositions…

Un bati avec des grains differents

Un bati avec des grains differents

... et ce qui est encore en devenir...

… et ce qui est encore en devenir…

Cartes 2015 (1) La plaine américaine

Ce premier exemple de 2015 n’est pas vraiment une carte, mais la représentation d’une idée qui a été lauréate d’un concours pour étudiants de l’American Society of Landscape Architects. Son auteur, Reid Fellenbaum, propose un stratégie d’évolution des paysages des plaines centrales des Etats- Unis, menacées par le progressif épuisement des nappes phréatiques qui alimentent ses cultures céréalières. Il résume son projet comme un évolution partant de la grille jeffersonienne vers un aménagement plus adapté a la topographie fine d’un territoire plus fragile qu’il en a l’air. Je ne vais pas parler ici de la faisabilité de l’idée (ce qui est plutôt complexe de juger), quoique probablement les cultures traditionnelles ont deux ou trois choses a montrer, mais la qualité graphique de la présentation est vraiment remarquable.

En plus, ce projet parle d’un concept, le « grain » du territoire, sur lequel je vais parler sous peu… in extenso.

Cartes 2014 (44) L’histoire de la cartographie d’après l’Université de Chicago

Venus comme l'etoile de l'aube, ancienne carte celeste du Mexique prehispanique, Codex Borgia (livre 3 du volume 2 de la publication).

Venus comme l’etoile de l’aube, ancienne carte celeste du Mexique prehispanique, Codex Borgia (livre 3 du volume 2 de la publication).

En ce moment de l’année, à l’ endroit ou j’habite on est en saison festive, et les gens font des cadeaux. Je ne peux offrir ce que je ne possède pas, mais je peux signaler a ceux qui partagent avec moi le gout des cartes le lien a une ressource excellente : l’histoire de la cartographie de l’Université de Chicago, qui va des temps préhistoriques jusqu’à la renaissance européenne. L’ouvrage n’est pas limité au monde « occidental », et incorpore aussi des exemples d’autres cultures.

Le site web permet le telechargement par volume et par chapitre. Bonne lecture !

Biblio (111) Une histoire visuelle du futur

Biblio 111- A visual history of the future

Foresight, l’organisme du gouvernement britannique qui assume la recherche de base a long terme qui permet d’orienter les politiques publiques, a entrepris un programme sur l’avenir des villes. C’est dans le cadre de ce programme qu’il faut inscrire un volume relatif a l’évolution pendant plus d’un siècle des images sur l’avenir des villes, partant de sources diverses qui intègrent aussi bien le monde de l’urbanisme que le cinéma. Bien évidement, Orange Mécanique n’est pas un ouvrage d’urbanisme, mais il y a un message sur l’utilisation de l’espace urbain…

Une compilation intéressante d’images, qui illustrent l’évolution de la vision de l’avenir la ville, essentiellement occidentale (a ces effets le Japon y est, figure 38 sur le document), allant des hippies (figure 42) a l’académique (figure 56), et de l’art (figure 51) au désespoir (figure 39).

foresight-urban futures- image 51

Voici une vision qui me rappelle fortement la montagne des « Rencontres du troisième type », qui viendrait en quelque sorte a Berlin. Certes, les chances d’aboutissement de cette idée sont de minces a nulles, mais l’image est bien forte.

Biblio (109) Infrastructures vertes

Biblio 109

Le concept d’infrastructure verte est un produit complexe des visions ecologiques, et un assez interesant. Le concept traditionnel d’infrastructure (« infrastructure grise », dans le nouveau jargon) est celui de toute sorte de bidule qui permet de mobiliser les lois de la physique ou toute autre science pour adapter les conditions environnementales a nos besoins en tant qu’espece; on utilise normalement des elements actives demandant des importants investissements en ressources naturelles et des formes de maintenance. L’infrastructure verte se presente comme une approche ou l’intervention humaine est moins visible, avec une volonté d’obtenir des bons niveaux de performance en termes de services environnementaux (bien sur, d’un point de vue ethnocentrique) travaillant d’une façon plus symbiothique avec les ecosystemes. Comprendre le fonctionnement de la nature aide permet une plus grande sobrieté et moins de pollution et degats environnementaux (ce n’est pas que les anciens ingenieurs etaient des brutes, mais ils travaillaient suivant un paradigme different). Le livre de l’Agence Européene de l’Environnement explique en detail la question.