L’architecture historique peut être formellement complexe, et la dessiner en bonnes conditions pour documenter sa conservation par des méthodes traditionnelles peut être un exercice intéressant, mais long et fatigant. La photogrammétrie a été utilisé depuis un certain nombre d’années, mais jusqu’à présent les outils n’étaient pas forcement accessibles. Aujourd’hui il y a des nouvelles possibilités par des moyens bien moins couteux (le temps est toujours nécessaire…), comme décrit l’article de Wohlfeil, Strackenbrock et Kossyk.
Mois: septembre 2014
Cartes 2014 (35) La carte de Ebstorf

Carte de Erbstorf, vue sur http://www.ebstorfer-weltkarte.de/
Une carte peut dire beaucoup de choses sur le monde, par la géométrie ou par l’idéologie; voici un exemple de la deuxième approche. Crée au moyen âge dans un couvent allemand et trouvé en 1830, c’est un ensemble de quelques 3,57 m de long sur 30 feuilles de parchemin, avec Jérusalem au centre.
Des Alpes a l’Atlantique (2) Bologne, arcades, trottoirs et zones piétonnes
A Bologne les arcades, quelque chose de circonstanciel dans d’autres villes, deviennent ici systématiques. Ce n’est pas qu’ils sont absents sur d’autres villes, mais ici il y a plus de 40 km de longueur, et presque n’importe quel parcours dans le centre historique peut se faire par les arcades. Dans la plupart des villes ils sont un élément qui complémente le trottoir, mais ici ils le substituent presque entièrement. Ce qui implique que parfois le piéton ne voit clairement les véhicules qu’au moment ou il se penche vers la chaussée (ce qui n’est pas nécessairement bon), mais aussi que celui qui arrête sa voiture doit faire plus attention. En hiver, par temps de verglas, le soleil n’atteint pas le sol, donc il est plus facile de glisser, mais si il pleut on est couvert. Par rapport a d’autres villes historiques, il y a très peu de trottoirs et plutôt peu de rues piétonnes, mais le piéton occupe une zone exclusive d’une façon qui vous donne un sentiment plutôt diffèrent ; même en voulant, les voitures et camions ne pourraient occuper l’espace piéton qu’en conditions plutôt inusuelles.
Il semble que ces arcades sont apparues ver le XIIème siècle, a un moment ou les rues étaient plus larges, en tant que solution d’extension des bâtiments pour loger une population universitaire croissante. En 1288 une ordonnance municipale a fait obligatoire de les construire en pierre ou en brique, mais certains exemples en bois subsistent. La mesure clé était les 7 pieds bolognais de hauteur (2,66 m), suffisants pour permettre le passage d’un homme a cheval. En termes juridiques, c’était une servitude obligatoire qui garantissait l’usage public et la conservation par le propriétaire en échange de l’usage des étages supérieurs. En étant un élément architectural obligatoire pour tout bâtiment, il a adopté des formes diverses, que ce soit dans des palais ou dans des humbles logements, avec une importante variété.
Les arcades bolognaises (Portici bolognesi) font l’objet d’une candidature a intégrer la liste du patrimoine mondial UNESCO.
Ces arcades ont aussi probablement survécu a cause d’un autre facteur : face a d’autres villes historiques avec des problèmes par sa localisation sur des collines, cette ville est en plaine, ce qui facilite la vie aux piétons.
Des Alpes a l’Atlantique (1) Salzbourg
Pour pas mal de personnes (surtout a partir d’un certain Age) l’image de Salzbourg peut être celle du film « La mélodie du bonheur ». Il parait, pour la petite histoire, qu’allemands et autrichiens n’ont pas trop apprécié le film a cause du nombre d’inexactitudes géographiques et par rapport a la vraie histoire, et que leur version est dans un film allemand qui était apparu avant. C’est aussi un endroit marqué (spécialement au niveau touristique) par Mozart et le festival de musique.
En termes physiques, Salzbourg est une ville implantée au fond de la vallée du Salzach et marquée par la présence de deux grandes collines : Kapuzinberg a l’Est, se dressant a plus de 230 m sur la riviere, et Mönschberg a l’Ouest, avec une moindre hauteur mais un plateau assez clair. La frontière allemande est proche, de l’autre côté de l’aéroport, et a cet endroit, d’après la carte topographique, le critère de partage semble avoir été les montagnes pour l’Autriche et la plaine pour l’Allemagne. Très vite on dépasse les 1.000 m, avec, surtout vers le sud, des vues impressionnantes des sommets.
Le centre historique de Salzbourg est inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1996. Sur la zone centrale le site comprend 236 hectares, ou les collines sont presque la moitié de la surface, et la zone tampon autour couvre 467 hectares. La déclaration reconnait le rôle de la ville dans les échanges entre nord et sud de l’Europe ; la ville est considérée un exemple important de ville-état liée a l’église en Europe, avec une bonne conservation du paysage urbaine et de son architecture, et met en valeur l’association avec les arts, et spécialement la musique a cause de Mozart.
Le Flächenwidmungsplan (Plan Municipal) de 1997 établit clairement la protection des deux grandes collines, entourées par les zones urbaines (couleur rouge). La ville, qui est apparue initialement entre les deux collines, a rempli aujourd’hui tout l’espace moyennement plat. La proportion géométrique entre collines, rivière et tissu urbain fait que, malgré la densité du dernier, le résultat soit équilibré dans le centre historique.
Salzbourg pourrait avoir choisi de conserver son paysage seulement dans l’espace entre les deux collines (la plupart des touristes ne vont jamais au-delà), mais dans l’ensemble il ne semble pas avoir des décisions nuisibles dans le reste de la ville. Et les Alpes sont toujours là en fond de paysage, ce qui est bien plus important que le débat sur l’authenticité du film…
Biblio (98) Paysage et économie
D’après la Convention Européenne du Paysage, paysage est « une partie du territoire telle quelle est perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations ». La convention évoque les liens entre économie et paysage, mais le fait est que sa mise en œuvre est plutôt orientée vers l’environnemental et le perceptif, en partie a cause des difficultés pour quantifier et mettre en relation la multitude des actions sur le paysage avec un impact économique concret de chaque intervention sur une valeur d’ensemble. Il y a des méthodologies pour calculer le Produit Intérieur Brut, mais il est complexe d’évaluer la valeur d’un paysage dans une configuration donnée et en soi même (et pas comme une simple somme des valeurs des activités), ce qui permettrait d’évaluer l’impact d’un projet concret.
Bien sûr, on peut toujours dire que le développement durable doit tenir compte des trois dimensions (sociale, environnementale et économique), et que le calcule économique ne garantit pas une meilleure politique, ou une description cohérente de la réalité. On peut même dire que la création d’un algorithme n’est qu’une façon de s’assurer que les gens vont trouver des astuces pour l’employer pour leur profit.
Malgré tout, il y a des approches a cette thématique. Tiziano Tempesta évalue le cas italien : « les politiques mises en œuvre pour la sauvegarde du paysage en Italie sont essentiellement des contrôles des transformations du paysage et des aides aux agriculteurs. Etant donné que les politiques du paysage ont un cout pour le contribuable, dans les deux cas il est nécessaire d’évaluer les bénéfices qui découlent de ces actions publiques ». Le texte n’arrive pas a des conclusions définitives, ni des algorithmes magiques, mais il contient des réflexions intéressantes.
Cartes 2014 (34) Carte Numérique de Vienne
La carte numérique de Vienne est un parmi tant de plateformes web de visualisation avec un graphisme qui s’adapte a l’échelle de visualisation. Ce qui le distingue est un choix élégant des couleurs, un détail sur la grande échelle appuyé sur le parcellaire, et certaines couches bien pratiques pour les touristes, comme des itinéraires de promenade en ville.
Visibilité
Deux images de deux villes assez différentes : Salzbourg en Autriche et La Corogne en Espagne (a chacun de choisir a quelle ville correspond chaque image). Deux paysages forts, et la différence dans la capacité de chaque ville de faire des choses intéressantes sur leurs paysages. Plus sur ce sujet prochainement.
Biblio (97) Copenhague, Capitale Verte Européene 2014
La Commission Européene fait pour chaque année depuis 2010 le choix d’une ville qui montre une capacité exemplaire pour intégrer la dimension environnementale dans ses politiques. Ce 2014 c’est Copenhague. Et voici les documents qui expliquent les qualités de la ville.
Cartes 2014 (23) OSM 3D
J’ai déjà parlé de l’intéressant projet Open Street Map. Il y a aussi une version 3D, tout aussi intéressante, mais avec moins de données pour l’instant… Couramment l’aspect est primitif, mais si l’on atteint un niveau comme celui du système 2D, ça peut devenir utile.
Loos a Michaelerplatz
Voici une histoire que la grande majorité des architectes connaissent de leurs années d’étudiants, et surement aussi certains touristes en voyage a Vienne (c’est le genre d’histoire que les guides touristiques adorent). Il était une fois, dans la Vienne encore impériale, un architecte novateur et osée, Adolf Loos, qui voulait moderniser l’architecture allant au delà d’un formalisme qu’il considérait archaïque. Il a trouvé un client (la maison de couture Goldman & Salatsch) qui avait aussi l’intention de donner une image de modernité, et qui avait une parcelle sur la Michelerplatz, juste en face du Hofburg, le Palais Impérial. L’architecte a du faire face a l’opposition de la société et des techniciens municipaux, qui ont tenté par tous les moyens de reconduire le projet vers une esthétique plus traditionnelle. D’après la légende urbaine, le Kaiser aurait donné l’ordre de fermer les fenêtres vers la place pour ne pas endurer la vue d’un si laid bâtiment…
Normalement les étudiants voient cette œuvre dans des livres d’histoire ou Loos est un auteur important (on mentionne souvent a coté son livre « Ornement et Crime »), mais on ne voit pas si souvent la place qui définit le contexte. La façade du Hofburg est certainement baroque et très ornementée. Mais le bâtiment de Loos joue aussi beaucoup avec les matériaux et la composition, peut-être pas décoratifs au sens classique, mais aussi subjectifs ; ce n’est pas une absence de décoration, c’est-à-dire d’une vision personnelle du problème de la finition d’un espace, mais plutôt des outils différents et un niveau de précision qui découle d’un plus grand développement industriel.
Apres une étape en tant que maison de couture, les locaux du rez-de-chaussée ont reçu un temps un concessionnaire de voitures, plus tard un svastika, et après la guerre une maison de meubles. Depuis 1987 il y a une agence du Raiffeisenbank, ou l’on expose des photos et des plans de l’époque, tout comme des preuves de la polémique.