
Quais de l’ile de Saint Louis
Le centre historique de Paris est la zone la plus complexe de l’agglomération métropolitaine. Malgré la continuité de sa condition de centre urbain depuis les temps romains, les importantes transformations du XIXème siècle sous le baron Haussmann et les opérations successives du XXème siècle font qu’en grande mesure ce soit un tissu plus récent que dans d’autres zones.
Sous Napoléon III et durant une période plutôt courte (1853 a 1870), le baron Haussmann a dirigé une transformation urbaine radicale. Tout comme Cerdá a Barcelone ou les réformateurs anglais, il associait les anciens tissus du moyen âge aux épidémies et fléaux sociaux, et pensait que la transformation de ces tissues était une nécessité.

Le centre de Paris aujourd’hui

- Certaines consequences des travaux de Haussmann:
a- Demolition des batiments sur les ponts
b- Amenagement des quais
c- Demolition des batiments sur les berges, liberant la vue sur le fleuve
d- Percée du boulevard de Sebastopol
e- Percée du boulevard Saint Michel
Son approche au problème n’est pas sans parallèles avec ce que l’on voit de nos jours dans plusieurs villes : une combinaison de la recherche d’efficacité dans la conduite d’opérations, parfois en dépit de toute autre but, et d’un nouveau paradigme. Si aujourd’hui le discours est axé autour de l’idée de développement durable, Haussmann est le premier exemple de ce que plus tard se renforcera pour atteindre son point dominant vers la première guerre mondiale sous le nom de hygiénisme.
Sous l’élan de nouvelles formules de gestion économique (qui lui valent des accusations de scandales financiers), Haussman ne se limite pas comme Cerdá a Barcelone a l’extension de la ville (ses idées sur les interventions sur le tissu historique ne sont que peu appliquées), mais il définit aussi, avec un rôle essentiel, la transformation du centre urbain par la percée de plusieurs boulevards assurant un maillage de la voirie en conditions. Le système d’égouts est novateur pour l’époque de par sa conception et son ambition, et les berges de la Seine sont aménagées avec des quais.
L’image romantique du Paris du XIXème siècle qui est transmise par les guides touristiques est pour les habitants qui vivent cette transformation une totale altération de leur cadre de vie. Les éléments aujourd’hui intégrés au paysage, caractéristiques et identifiables par les touristes, sont au début des éléments de mobilier urbain produits en série et placés de façon uniforme sur le tissu urbain.
L’ouverture des boulevards de Sebastopol et Saint Michel, l’extension de la rue de Rivoli, la construction du grand marché central des Halles (remplacées en la décennie de 1970 par un grand centre commercial et pole de transports publics, aujourd’hui nouvellement en travaux pour une transformation radicale) et la réorganisation des quais, avec la construction de nombre de bâtiments monumentaux en proportion et alignées sur les axes de boulevards, façonnent le Paris de nos jours.
La différence entre cette expérience et celle d’autres villes est la grande qualité technique et esthétique de la conception de ces éléments et la cohérence du projet urbain, qui ne sera complété que temps après la fin du second empire. L’absence d’un critère geometrique d’extension a l’infini, comme la grille de Cerdá, n’est pas un obstacle pour la continuité de la trame, car ce rôle correspond plutôt a l’enceinte de Thiers. Tandis qu’en 1860 Barcelone et Madrid démolissent leurs anciennes fortifications, en 1844 Paris ouvre un nouvelle enceinte extérieure, en ce moment éloignée de la zone urbaine, mais malgré cela un élément de rigidité. Les fortifications son démolies entre 1919 et 1929, et plus tard deviennent la trace du périphérique, mais encore aujourd’hui elles marquent la discontinuité de la trame urbaine vers la périphérie et la limite administrative de Paris.