paysage

Cartes 2015 (15) Lago d’Iseo

Une vue prise au site d’ANSA

Le titre de l’article au site web d’ANSA, l’agence de presse italienne, est assez intentionnel: « marcher sur les eaux avec le Christ », car voila un nouveau projet de Christo et Jeanne- Claude pour une installation provisoire, comme ce fut il y a quelques années, quand ils ont fait un paquet-cadeau du Pont Neuf a Paris. Des dessins assez sugerents.

Catalyseurs du changement (11) Eaux

Alange

L’image supérieure correspond a la ville d’Alange, dans la province espagnole de Badajoz. En 1992 les travaux de construction du barrage, un mur de 67 m de hauteur depuis les fondations et de 720 m de long, sont finalisés, et ce qui jusqu’à ce moment était un village sur la vallée de la rivière Matachel devient un espace marqué par l’eau et un nouveau trait de côte. C’est sans doute une intervention bien au-delà du possible pour une petite municipalité, conduite par la Confédération Hydrographique du Guadiana. L’intervention produit un paysage nouveau qui permet d’utiliser les eaux pour l’irrigation (en aval il y a une large plaine agraire) et production d’électricité.

Le barrage est alimenté par un bassin de 2.545 km2 (une surface comparable à celle de l’ile de la Réunion), et son plan d’eau de quelques 35 km2 est marqué par quelques iles qui montrent la géologie de la zone. Le fond du barrage fut nettoyé de toute végétation, donc la logique variation des niveaux des eaux fait que parfois des rivages assez arides deviennent visibles en contraste avec une partie supérieure plus verte.

L’eau a impliqué des changements importants ; un quartier fut déplacé a un nouvel emplacement par la montée des eaux, certains bâtiments doivent leur construction au nouveau paysage, et l’on peut supposer que les indemnisations pour les expropriations des terrains inondés a eu un effet sur l’économie locale. Il y a surement eu un impact par la disparition des terres de culture au fond de la vallée. Sur une zone le nouveau tracé de la route passe entre le bord urbain et l’eau, mais sa configuration est loin d’être soignée. Le plan d’eau est devenu l’élément central d’une zone d’intérêt pour la conservation des oiseaux (ZICO) du réseau Natura 2000 de l’Union Européenne ; les oiseaux sont devenus des usagers du barrage. Mais les habitants sont de moins en moins ; en 1996 il y avait 2.031, et en 2014 ils n’étaient que 1946.

Alange-2

Cartes 2015 (1) La plaine américaine

Ce premier exemple de 2015 n’est pas vraiment une carte, mais la représentation d’une idée qui a été lauréate d’un concours pour étudiants de l’American Society of Landscape Architects. Son auteur, Reid Fellenbaum, propose un stratégie d’évolution des paysages des plaines centrales des Etats- Unis, menacées par le progressif épuisement des nappes phréatiques qui alimentent ses cultures céréalières. Il résume son projet comme un évolution partant de la grille jeffersonienne vers un aménagement plus adapté a la topographie fine d’un territoire plus fragile qu’il en a l’air. Je ne vais pas parler ici de la faisabilité de l’idée (ce qui est plutôt complexe de juger), quoique probablement les cultures traditionnelles ont deux ou trois choses a montrer, mais la qualité graphique de la présentation est vraiment remarquable.

En plus, ce projet parle d’un concept, le « grain » du territoire, sur lequel je vais parler sous peu… in extenso.

Biblio (111) Une histoire visuelle du futur

Biblio 111- A visual history of the future

Foresight, l’organisme du gouvernement britannique qui assume la recherche de base a long terme qui permet d’orienter les politiques publiques, a entrepris un programme sur l’avenir des villes. C’est dans le cadre de ce programme qu’il faut inscrire un volume relatif a l’évolution pendant plus d’un siècle des images sur l’avenir des villes, partant de sources diverses qui intègrent aussi bien le monde de l’urbanisme que le cinéma. Bien évidement, Orange Mécanique n’est pas un ouvrage d’urbanisme, mais il y a un message sur l’utilisation de l’espace urbain…

Une compilation intéressante d’images, qui illustrent l’évolution de la vision de l’avenir la ville, essentiellement occidentale (a ces effets le Japon y est, figure 38 sur le document), allant des hippies (figure 42) a l’académique (figure 56), et de l’art (figure 51) au désespoir (figure 39).

foresight-urban futures- image 51

Voici une vision qui me rappelle fortement la montagne des « Rencontres du troisième type », qui viendrait en quelque sorte a Berlin. Certes, les chances d’aboutissement de cette idée sont de minces a nulles, mais l’image est bien forte.

Des Alpes a l’Atlantique (6) Lacq

mourenx

Il y a quelques années j’ai pu écouter a Paris Jean Paul Lacaze, un urbaniste français de ce genre mythique qui a participé dans toutes les batailles, raconter une drôle d’histoire. Il parlait sur l’expérience du pays dans la création de villes nouvelles, et sur la complexité croissante des critères pour la sélection d’un site (pour une ville, une industrie…) approprié suivant le paradigme du développement durable. Et il a parlé du projet d’urbanisme associé au gisement gazier de Lacq, aux Pyrénées Atlantiques. Ce gisement, découvert en 1951, fut a l’origine de ce qui est aujourd’hui Total, et une histoire avec certaines similitudes avec le gaz de schiste actuel : une ressource a l’extraction complexe (haute teneur en hydrogène sulfuré), mais très importante pour l’économie nationale. Lacaze disait que pendant la présentation a la presse du projet vers 1957, le maire a dit quelque chose comme « on a choisi le meilleur emplacement, sans doute ; Jean Paul et moi, nous avons pris ma bagnole et fait le tour de la commune pendant un jour pour le trouver ». C’est bien loin de ce que l’on pourrait considérer aujourd’hui comme rigoureux, mais c’est l’origine de Mourenx, une ville de près de 7.000 habitant (en 1968 il y avait un peu plus de 10.000).

Le gisement a fermé en 2013, et la base économique de la ville est touchée, comme dans d’autres bassins miniers, quoiqu’il existe un ensemble de projets de maintien de l’activité industrielle. Et la ville parait, effectivement, une ville nouvelle de la première heure, un modelé hybride avec des éléments de grand ensemble. C’est une architecture de barres dans une grille de rues assez claire, ou l’on profite a chaque opportunité (et le relief y apporte un certain nombre) pour introduire des courbes.

Pendant ce jour Jean Paul et le maire ont choisi un espace relativement plat, entouré par deux grands alignements de collines qui apportent une certaine séparation visuelle par rapport aux zones industrielles les plus proches. Chaque quartier a une tour, mais le logement individuel a gagné en importance (après tout, c’est la France…). Le Plan Local d’Urbanisme est en révision, avec des prévisions de croissance modérée.

Des Alpes a l’Atlantique (5) La Grande- Motte, Neufert et le retro futurisme

La Grande Motte

Quand j’étudiais a l’Ecole d’Archi il y avait un livre de base pour les nouveaux : Les éléments du projet de construction, d’Enst Neufert.  Il n’était pas question d’une méthodologie de projet, mais plutôt de sa systématique description de la mesure des choses ou des proportions (marche + deux contremarches= 63 ou 64 cm, 44 cm comme largeur pour un siège…). Ernst Neufert vécut entre 1900 et 1968, et publia la première Edition de son livre en 1936 ; mais l’edition de 1986 (au moins en espagnol) mentionnait encore comme source pour certaines matières un institut Kaiser Guillaume.

Certes, la dimension de la personne moyenne n’a pas évolué tellement (et c’est bien ça, la base des mesures), mais certaines solutions constructives ou  de projet du livre semblent aujourd’hui dépassées. Des salles de bains minimales dont le sol compte avec une sortie d’eau pour devenir dans l’ensemble une douche, ou des escaliers a la distribution de marches presque impossible pour réduire la consommation de l’espace témoignent d’un problème du logement dans l’Allemagne d’avant-guerre et dans d’autres pays qui aujourd’hui sont dans une meilleure situation (au moins nominalement), mais font aussi penser au large marché potentiel pour ce livre dans les pays aujourd’hui émergents, qui on besoin de ces solutions « astucieuses ».

La Grande Motte a quelque chose de tout ça. C’est une destination touristique diamétralement opposée a d’autres sites méditerranéens comme Benidorm qui s’appuient sur une importante laxitude urbanistique. Ici, dans le cadre d’un programme d’assainissement et promotion touristique des étangs languedociens sous De Gaulle, on a fait une cité de vacances avec des architectures aux formes a l’époque futuristes. Les bâtiments sont toujours surprenants (ce qui ne veut pas toujours dire beaux), mais quand on approche on voit certaines choses assez petites, ou dépassée par certaines attentes de confort contemporaines. C’est presque du retro futurisme ; en ce sense on n’est pas si loin de Benidorm, ou les gratte-ciels des décennies passés sont toujours la, bien obsolescents mais representatifs toujours d’une certaine vision de l’avenir, bien plus anarchique en termes d’image, mais a l’esthétique bien plus puissante. Ce n’est pas a la hauteur du bas Manhattan (le seule district historique que je connais avec un ensemble conséquent de bâtiments de plus de 100 mètres), mais on n’est pas si loin.

Mais pourtant La Grande Motte n’est pas la même chose. La profusion des espaces libres publiques et privés (attention a ne pas confondre les parkings vegetalisés), avec des densités bien plus reduites qu’a Benidorm, et l’idée de communauté fermée par les propres conditions de l’emplacement (ce serait le lieu parfait pour un The Truman Show a la française) fait que la relation avec l’eau et la presence dans le paysage soient differents… d’un point de vue européen, car certaines images ne sont pas loin du sud Floride…

plu Grande Motte

Biblio (98) Paysage et économie

Biblio 98 paisaje italia economia

D’après la Convention Européenne du Paysage, paysage est « une partie du territoire telle quelle est perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations ». La convention évoque les liens entre économie et paysage, mais le fait est que sa mise en œuvre est plutôt orientée vers l’environnemental et le perceptif, en partie a cause des difficultés pour quantifier et mettre en relation la multitude des actions sur le paysage avec un impact économique concret de chaque intervention sur une valeur d’ensemble. Il y a des méthodologies pour calculer le Produit Intérieur Brut, mais il est complexe d’évaluer la valeur d’un paysage dans une configuration donnée et en soi même (et pas comme une simple somme des valeurs des activités), ce qui permettrait d’évaluer l’impact d’un projet concret.

Bien sûr, on peut toujours dire que le développement durable doit tenir compte des trois dimensions (sociale, environnementale et économique), et que le calcule économique ne garantit pas une meilleure politique, ou une description cohérente de la réalité. On peut même dire que la création d’un algorithme n’est qu’une façon de s’assurer que les gens vont trouver des astuces pour l’employer pour leur profit.

Malgré tout, il y a des approches a cette thématique. Tiziano Tempesta évalue le cas italien : « les politiques mises en œuvre pour la sauvegarde du paysage en Italie sont essentiellement des contrôles des transformations du paysage et des aides aux agriculteurs. Etant donné que les politiques du paysage ont un cout pour le contribuable, dans les deux cas il est nécessaire d’évaluer les bénéfices qui découlent de ces actions publiques ». Le texte n’arrive pas a des conclusions définitives, ni des algorithmes magiques, mais il contient des réflexions intéressantes.

Rencontres innatendues (7)

Gata

A vrai dire, ici le titre n’est pas totalement juste : j’avais entendu parler de l’intérêt du contexte paysagiste de Gata (Cáceres, Espagne), et de de fait ma visite était précédée d’une information assez complète. L’inattendu fut ici a quel point j’ai bien aimé la combinaison d’éléments. Et tout spécialement cet ensemble de pins a droite de l’église sur la première image, a peine une poignée mais marquant très bien le paysage.

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