Normalement une ville peut avoir des industries en raison d’une population qui a un sens de l’entreprise ou par l’arrivée d’entrepreneurs extérieurs. Même quand la majorité des pays occidentaux ont la plupart de leur main d’œuvre et du revenu produits par des petites et moyennes entreprises, les titres des journaux les plus retentissants sont ceux qui mettent en valeur la capacité d’une ville a attirer des investissements des grandes marques reconnues.
En ce qui concerne Chattanooga le grand investissement le plus recent est celui de Volkswagen, qui a construit la ligne de production pour la version américaine de la Passat. L’annonce de l’investissement s’est produit en 2008, avec les chiffres suivants (c’est la description la plus detaillée que j’ai trouvé, même si ce n’est pas l’accord final http://www.timesfreepress.com/news/2008/jul/24/chattanooga-vw-incentives-largest-state/ ):
– 1 milliard de dollars en investissements de la part de Volkswagen
– Plus de 500 millions en aides publiques :
- 81 millions en foncier
- 30 millions en formation de la main d’œuvre
- 43 millions en travaux publics
- 3,5 millions en améliorations ferroviaires
- 200 millions en réductions de la fiscalité du travail au long de 20 ans
- 150 a 350 millions de réductions des impôts sur la propriété foncière au long de 30 ans.
– 2.000 emplois directs
– 546 hectares de foncier dans un emplacement a 18 km de Chattanooga, sur un parc industriel qui résulte d’un travail de reconversion pendant 20 ans d’une ancienne usine de munitions.
L’usine a ouvert ses portes en 2011. En février 2014 elle a été le centre d’un fort débat sur la question syndicale, quelque chose qui en Europe aurait été assez étrange ; en fait, Volkswagen, le patron, n’y était (selon la presse américaine) pour rien contre les syndicats, ce fut plutôt la classique querelle américano-américaine en termes droite-gauche dans le sud. Le plus frappant (pour un européen) est de voir que les législateurs républicains du Tennessee sont allés jusque a accuser Volkswagen de favoriser un certain syndicat et ont menacé de retirer les aides a Volkswagen si ce syndicat gagnait (http://www.freep.com/article/20140210/BUSINESS0104/302100100/volkswagen-uaw-chattanooga-tennessee-republicans ).
Au cas de Bilbao, l’investissement dans le Guggenheim montre des parallèles. Le niveau d’aides accordés par la Diputación Foral de Biscaye pour l’implantation du musée ne peut s’expliquer qu’en raison d’un régime fiscal spécial, en égalité avec l’agence fiscale de l’Etat Espagnol (et bien sur, qu’il s’agit d’une province riche).
Comment attire-t-on une grande marque liée a des images qui, a priori, sont l’opposée de l’image de la ville ? en cherchant une marque qui veut élargir ses horizons et lui apportant des avantages : un bon emplacement et un projet cohérent de ville ou s’épanouir… avec des aides importantes. D’un autre point de vue, si le projet marche, il y a des chances de synergie pour d’autres entreprises dans la zone, quoiqu’il peut avoir des clauses d’exclusivité (Eurodisney a Paris, par exemple) sur certains périmètres. Mais ceux qui bénéficient des synergies auront a payer toutes les taxes.
Certes au plus haut de la révolution industrielle, au XIXème siècle, des telles aides n’existaient pas ; mais la fiscalité était aussi moins développée, tout comme la protection de l’environnement, et autres choses que l’on juge aujourd’hui indispensables. A quel point ces accords sont justes et acceptables ? dans une démocratie, c’est a prouver avec de la transparence et des voix aux élections, mais il ne faut pas oublier d’entendre les citoyens pendant les négociations.