Biblio (17). L’avenir urbain de l’Amérique Latine

L’Amérique Latine est un territoire proche en plusieurs domaines pour les espagnols; si les français ont le Québec, ou les anglais l’Australie, les galiciens ont l’Argentine, et aux Canaries on dit que le Venezuela est la « huitième ile ». Il est vrai que pour certaines populations la colonisation fut un drame. Mais il n’est pas moins vrai que le fait de partager une langue et certains traits culturels, en conjonction avec la grande distance géographique entre les différents pays et le fait qu’a chaque moment il y a des pays qui sont en meilleure situation économique que les autres, ou qui jouissent d’une plus grande liberté, a toujours contribué a des courants de déplacements qui continuent de marquer cette relation. Pendant la dictature franquiste les livres publiés a Mexico ou Buenos Aires apportaient des éléments d’intérêt, et a l’inverse l’expérience de la démocratie espagnole depuis 1975 a aussi été d’interet pour des pays qui devaient sortir de leurs propres dictatures. La diversité des accents n’a jamais empêché une comunication dans laquelle il faut aussi souvent remercier les américains d’avoir gardé une langue souvent moins deformée que celle que l’on parle parfois en Espagne… Et les relations économiques, artistiques et scientifiques sont aussi importantes.

Cette fois la référence bibliographique n’est pas l’oeuvre d’un tiers, mais le résultat de mon travail avec José María Ezquiaga pour la Corporación Andina de Fomento, l’une des grandes banques d’investissement pour le developpement de la région. Le texte s’inscrit dans un ouvrage qui a servi au sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Amérique Latine, le Portugal et l’Espagne qui vient d’avoir lieu a Cadix, au sud de l’Espagne. La thèse centrale de l’ouvrage est le role determinant des infrastructures pour le développement tenant compte de trois volets:

  • Infrastructure et ville inclusive
  • Infrastructure et valeur ajouté au commerce alimentaire
  • Indicateurs d’investissement et priorisation des actions

Notre travail a concerné le premier volet. L’Amérique Latine d’aujourd’hui est marquée par:

  • Un paysage social ou la pauvreté et la ségrégation sociale sont dominantes, malgré la monté en puissance économique de ces pays.
  • Une tendance vers des formes de croissance urbaine qui ne produiront pas un développeement durable; comme souvent, l’augmentation des revenus mene a plus de voitures, et les politiques de logement privilégient le foncier bon marché même s’il n’a pas les conditions.
  • Des déficits en infrastructures urbaines qui ne concernent pas seulement les taudis illégaux, mais aussi la ville « légale ».

Les lignes d’action proposées pour contrer ces problemes sont toutes mises sous l’idée du rôle central de l’urbanisme et la planification métropolitaine comme éléments d’organisation du système des infrastructures et équipements

  • Des règles claires et transparentes en matière de propriété fonciere et de regulation des destinations du sol
  • La preservation des sols avec des fonctions environnementales
  • La prise en compte des mutations climatiques; comme a tristement montré le cas de New York avec Sandy, ces mutations n’epargnent même pas les villes les plus puissantes du « premier monde » (et New York est une ville qui a eté assez avancée en la matiere…)
  • Equilibre entre prise en charge des tissus urbains existants et nouvelles extensions.
  • Coordination entre mobilité et urbanisme
  • Coordination entre infrastructures interurbaines et urbaines
  • Sobriété energetique et hydrique
  • Gestion durable des dechets
  • Police effective des règles imposées
  • Espace public sur et de qualité (se sentir en securité en marchant dans la ville contribue au developpement durable)
  • Qualité de vie

Il peut paraitre que ce sont des thématiques plutôt standard, qui seraient a prescrire de Tokyo a Casablanca, mais ce sont les modalités d’application aux réalités locales qui pourront faire la difference. Cette prise en compte locale est d’autant plus importante que de Manaus a Lima ou de la Terre du Feu jusque a Tijuana la diversité sociale, climatique et geographique est immense. Et une premiere question se pose, qui fait une difference avec ceux d’entre nous qui sommes habitués au travail en Europe ou en Amerique du Nord: si deja nos sources en matiere de connaissance du terrain sont souvent a metre au jour ou a ameliorer, dans ces pays il faut encore souvent constituer des bases d’information importantes pour appuyer la prise de decissions. Le fait de l’incertitude qui apportent les mutations climatiques ne fait que compliquer la tache, mais comme toujours, il faudrá combiner ce manque de certitude avec le besoin d’action…

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